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IA et gestion de crise : un atout, à condition de savoir s’en passer

Date 23 avril 2025
Type Articles

Une crise peut éclater en quelques secondes. Une rumeur sur les réseaux sociaux, un incident industriel, une attaque informatique… Et il faut réagir. Vite et bien.

Dans cette course contre la montre, l’intelligence artificielle (IA) apparaît comme un allié de taille : analyse de données en temps réel, anticipation des risques, aide à la décision… Les promesses sont nombreuses. Mais l’IA n’est pas une baguette magique. Elle a ses limites. Et mal utilisée, elle peut même devenir une source de crise.

Alors, comment en tirer le meilleur sans tomber dans le piège ? On fait le point.

Ce que l’IA peut réellement apporter en gestion de crise

Gagner du temps, et donc en efficacité

C’est l’un de ses plus grands atouts : l’IA peut analyser une masse d’informations en un temps record. Articles de presse, publications en ligne, documents internes, réseaux sociaux… Elle extrait les éléments clés, repère les tendances, et fournit rapidement une vue d’ensemble. De quoi aider les équipes à comprendre la situation et à réagir plus vite.

Anticiper les risques avant qu’ils ne deviennent des urgences

Grâce au développement de scénarios d’évolutions défavorables, l’IA peut simuler différentes évolutions d’une crise. Elle croise des données historiques, des tendances sectorielles et des événements passés pour aider à identifier les points de rupture potentiels. Résultat : on se prépare mieux, on évite les angles morts, et on adapte sa stratégie en amont.

Aider à la prise de décision en temps réel

Quand la pression monte, il faut trancher rapidement. L’IA permet de prioriser les actions, de tester virtuellement des choix, et de proposer des options appuyées par les données. C’est un véritable support à la décision, surtout dans les premières heures d’une crise.

Un outil qui apprend et s’adapte

L’IA gagne aussi en pertinence avec le temps. En l’alimentant avec des données propres à l’organisation, à son secteur ou à son environnement, il est possible d’entraîner le modèle pour qu’il s’adapte aux spécificités de l’entreprise. Cette capacité d’apprentissage continu renforce l’efficacité de l’outil sur le long terme, à condition que son utilisation soit bien encadrée.

Mais l’IA n’est pas infaillible

Elle peut compromettre la confidentialité des données

L’un des angles morts souvent négligés dans l’usage de l’IA, c’est la gestion des données confidentielles. La plupart des systèmes d’intelligence artificielle s’appuient sur des bases de données qu’ils enrichissent en continu. Donc, les informations que vous partagez avec l’IA peuvent, volontairement ou non, contribuer à entraîner et alimenté le modèle.

Dans un contexte de crise, où circulent des données sensibles — identités, stratégies, plans d’action, documents internes — ce fonctionnement soulève de vraies questions. Rien ne garantit que ces données ne soient pas réutilisées, recroisées ou intégrées à d’autres usages, surtout lorsqu’on utilise des solutions IA grand public ou non hébergées en interne.

Même si certains fournisseurs assurent anonymisation et sécurité, le flou juridique et technique persiste. Et en situation de crise, perdre le contrôle sur l’information partagée peut avoir des conséquences lourdes : perte de confiance des parties prenantes, fuite d’éléments sensibles, voire crise secondaire liée à la gestion de la confidentialité.

Elle ne comprend pas tout le contexte

L’IA fonctionne sur la base de modèles et d’algorithmes. Mais une crise, c’est aussi de l’humain, de l’émotion, du culturel, du politique. Ce que l’IA ne détecte pas toujours. Elle peut proposer une solution “logique”, mais complètement inadaptée au terrain. Or, en communication de crise, le ton, le timing et la nuance comptent autant que les faits.

Elle peut se tromper

Des données biaisées, une analyse partielle, une info fausse… et voilà des décisions prises sur de mauvaises bases. Sans vérification humaine, les erreurs passent inaperçues – jusqu’à ce qu’il soit trop tard. L’IA n’a pas d’intuition : elle ne doute pas, elle ne recadre pas, elle applique.

Elle intègre des biais inscrits dans son fonctionnement

Et il y a un autre biais, moins visible mais tout aussi important : le cadre idéologique et comportemental intégré dans les modèles d’IA. La plupart sont conçus pour rester neutres, modérés, voire « politiquement corrects », quelles que soient les circonstances. Ils évitent certains sujets sensibles, adoucissent certains propos, ou filtrent des formulations perçues comme trop directes ou conflictuelles.

En situation de crise — où la clarté, la réactivité ou même la fermeté peuvent être cruciales — ce filtre automatique peut poser problème. Impossible pour l’utilisateur de désactiver ces mécanismes ou de forcer l’IA à s’adapter au ton nécessaire. Résultat : un décalage potentiel entre les besoins du terrain et la réponse produite par l’outil.

Quand l’IA devient elle-même la crise

Quelques cas concrets suffisent à illustrer les dérives possibles :

  • Tay, le chatbot de Microsoft (2016) : conçu pour apprendre des conversations sur Twitter, il a été détourné en quelques heures et s’est mis à tenir des propos racistes. Retrait express, mais image ternie.
  • Amazon et son IA de recrutement : l’algorithme favorisait les profils masculins, car il avait été entraîné sur des données biaisées. Résultat : discrimination, polémique et abandon du projet.
  • L’accident mortel de la voiture autonome d’Uber (2018) : le système n’a pas identifié une piétonne. L’entreprise a dû répondre à une vague de critiques et à une remise en question mondiale de la fiabilité de ses technologies.

Moralité : sans encadrement humain, l’IA peut générer sa propre crise.

Un outil entre les mains des experts

L’intelligence artificielle peut être utile en gestion de crise, à condition d’être bien utilisée. Et pour cela, il faut des experts. Des professionnels capables de comprendre les enjeux, de lire le contexte, et de décider quand et comment l’IA peut réellement apporter de la valeur.

En d’autres termes : Il faut savoir faire sans, pour pouvoir faire avec !

E&HA
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