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Les achats responsables en Afrique : opportunités et limites

Date 3 July 2017
Type Articles

Une nouvelle norme internationale : l’ISO 20400

Face au nouveau cadre international d’achats responsables, qui associent responsabilité sociétale et développement durable, les pays occidentaux tentent de diffuser ce devoir de vigilance.

Depuis avril 2017, une nouvelle norme ISO 20 4000 s’applique désormais aux achats (par l’ISO 26 000 de 2012). Ce nouveau cadre se dessine en quatre axes :

  • La compréhension des fondamentaux des achats responsables, la fixation des concepts et des principes
  • L’intégration de la responsabilité sociétale dans la politique et la stratégie achats de l’organisation
  • La structuration de la fonction « Achats » axée sur la responsabilité sociétale
  • L’intégration de la responsabilité sociétale dans les achats

Evolution de la pensée internationale sur les achats responsables, réalisée par Buy your way (2017)

Ce devoir de vigilance s’inscrit dans une nouvelle tendance internationale de fond. Cette dernière s’est créée en plusieurs étapes : la société civile a insufflé et imposé un ras-le-bol depuis l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, qui s’est transmis vers l’OCDE, l’ONU par la définition de principes directeurs (ISO 26 000) puis au niveau national par une série de lois punitives (la directive Barnier, la loi sur le devoir de vigilance, la loi Sapin II). On peut parler d’un passage du soft-law (le conseil) vers la hard-law (la loi répressive). Enfin, au niveau de l’entreprise elle se diffuse par trois attitudes à adopter : identifier, traiter et rendre compte.

Les achats locaux en Afrique : relier les achats aux ODD

D’une manière générale, les achats responsables en Afrique représentent 40 à 60% du chiffre d’affaires des entreprises, et 15 à 20% du PIB d’un pays de l’OCDE se dirige la commande publique.

Il est important de relier les achats responsables aux Objectifs de Développement Durable (ODD). L’ODD 12 « Consommation et production responsables » permet à des entreprises d’établir des modes de consommation et de production durables. Par exemple, la société Office Supply propose une offre écologique au Sénégal. L’ODD 8 « Travail décent et croissance économique » contient la gestion du risque social : en 2014, l’ONG Oxfam a notamment pu contester le ramassage des fraises au Maroc et demander de meilleures conditions de travail pour les ouvrières. En 2016, l’ONG Amnesty International a rappelé à l’ordre Apple, Samsung et Volkswagen sur l’extraction du cobalt par les enfants en RDC.

Ou encore, l’ODD 13 demande la prise d’urgence de mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions. Afin de la respecter, des industries du cacao (Nestlé notamment) s’accordent pour diminuer les impacts des changements climatiques.

Les achats responsables : ce qui existe déjà en Afrique

L’enjeu principal d’un achat responsable est de réaliser un achat après de fournisseurs globalement « responsables ». Des pays africains proposent de produire et vendre des marchandises responsables. C’est même un argument de vente pour les produits africains. A noter, le coton des uniformes de la SNCF provient d’une entreprise de coton équitable malienne, sous-traitée par Cepovett.

C’est surtout l’entreprise britannique Tullow Oil qui a un rôle de locomotive et sociétale des achats. Elle a une vision stratégique d’avenir de ses achats.  2 240 fournisseurs travaillent directement pour Tullow depuis l’Ouganda, le Kenya et le Ghana. En 2015, l’entreprise a dépensé 309 millions de dollars auprès des fournisseurs locaux au Ghana, en Ouganda et au Kenya.

L’African Partner pool (APP)

Tullow Oil et Invest in Afrique, association à but non-lucratif, sont notamment à l’initiative de l’African Partner pool (APP) : c’est un portail de marché en ligne qui permet de connecter les fournisseurs locaux vers les multinationales.

Une autre plateforme en ligne tente d’initier cette pratique : Valeurs AfricAchats, association sénégalaise d’achats en BtoB, se présente comme un action-tank (et non un think-tank) pour réfléchir et échanger autour d’une meilleure pratique des achats. Des multinationales telles que Nestlé, Total ou Teranga gold en font partie.

Les limites en Afrique

Il existe un fort potentiel d’entrepreneurs chez les jeunes africains, mais 84% des emplois concernent encore le secteur informel. Dans ce cas-là, que faire avec les marchés informels camerounais et ivoirien ? Faut-il arrêter de travailler avec eux ? Ou comment peut-on les faire basculer dans la transparence ? Il existe des outils digitaux pour faciliter les factures, les transferts et les virements pour ainsi devenir fiscalement visible. S’il n’y a pas de progrès dans ce domaine-là, il sera de plus en plus difficile de travailler avec le secteur informel. Même si les grands groupes promettent ne pas travailler avec le secteur informel, le niveau N-2 – leurs fournisseurs – sont en contact avec ce secteur.

Aussi, les plans et les méthodes d’achats responsables locaux sont fournis par la Banque mondiale : cela n’est pas suffisant et reste très théorique.

La plus grande problématique pour les entreprises reste de trouver et d’identifier les fournisseurs. Quelle serait la place pour les PME et les TPE ? Elles pourraient être identifiées communément. L’association « Invest in Africa » est une solution possible.